Acteur américain, né Günther Edward Arnold Schneider, le 18 février 1890, à New York City (New York, U.S.A.). Décédé le 26 avril 1956, à Encino (Californie, U.S.A.).
Comédien corpulent à la voix grave, Edward Arnold hérita de rôles comparables à ceux de notre Harry Baur national, avec un goût prononcé pour les belles crapules. Pourtant, c’est en jeune amoureux shakespearien qu’il paraît sur scène à dix-sept ans, dans «Le marchand de Venise» et «Le songe d’une nuit d’été» ; peut-être nostalgique de sa sveltesse juvénile, c’est son premier rôle qui inspirera en 1940 le titre de son autobiographie : «Lorenzo Goes to Hollywood». Engagé par la Compagnie Essanay, il tourne entre 1916 et 1919 une trentaine de courts métrages mais, à l’exception d’une participation discrète à «Larmes de clown» de Sjöström (1924) et à «L’aurore» de Murnau (1927, figuration non confirmée), sa contribution au cinéma muet s’arrêtera là. Sa préférence va alors au théâtre, où il acquiert le solide métier dont il fera la démonstration à l’écran dès son premier film parlant, «Okay America !» (1932).
À quarante ans bien sonnés, il a le coffre nécessaire pour incarner Big Bill Barton, le directeur de cirque qui ose tenir tête à Mae West dans «Je ne suis pas un ange» (1933). Empereur romain de la décadence dans «Roman Scandals» (1933), il joue un Louis XIII un peu trop gras dans «Cardinal Richelieu» (1935) et, plus tard, le Grand Vizir de «Kismet» (1944) face à Marlene Dietrich. Il faut dire qu’il seconde volontiers de belles vedettes comme Joan Crawford dans «Sadie McKee» (1934) ou Frances Farmer dans «Le vandale» (1936). Banquier odieux qui aboie plus qu’il ne parle, il retrouve le sourire et découvre «La vie facile» (1937) grâce au charme de Jean Arthur. Face à Peter Lorre en Raskolnikov, il devient pour Joseph von Sternberg l’Inspecteur Porphiry, nouvelle version du Juge Porphyre de «Crime et Châtiment» (1935), mais c’est en homme d’affaires entreprenant, prêt éventuellement à quelques entorses à la légalité, qu’il connaîtra le succès dans «Diamond Jim» (1935) ou «Sutter’s Gold» (1936). «L’or et la femme» (1937), dont il est également la vedette, n’aura pas la même audience malgré la présence à ses côtés d’un joyeux duo composé de Cary Grant et Jack Oakie
.
Frank Capra dans «Vous ne l’emporterez pas avec vous» (1938) voit dans sa silhouette massive l’incarnation du capitalisme sans âme ; mais le doux rêveur campé par Lionel Barrymore saura le ramener à plus d’humanité : la fin du film le montre qui joue de l’harmonica avec le grand-père Sycamore et pratique la lutte gréco-romaine avec ce grand escogriffe de Mischa Auer ! Dans «Monsieur Smith au Sénat» (1939) et surtout «L’homme de la rue» (1941), le personnage ne s’amende pas : D.B. Norton est un fasciste en puissance qui veut utiliser le naïf John Willoughby pour accéder au pouvoir. Fort heureusement, William Dieterle veille, qui obtient sa rédemption dans «Tous les biens de la terre» (1941) : face au Malin campé par Walter Huston
, Arnold emporte le morceau par sa rhétorique imparable, sauvant du même coup le pauvre James Craig des flammes de l’enfer.
Sur la centaine de films tournés en vingt-cinq ans par ce stakhanoviste de la pellicule, il est difficile de tout citer mais on ne peut oublier sa participation aux célèbres «Ziegfeld Follies» (1945) ou à quelques polars de qualité comme «Johnny Apollo» (1940), «The Earl of Chicago» (1940) ou «Johnny, roi des gangsters» (1941). Incarnation d'un fameux détective dans «Meet Nero Wolfe» (1936), il récidive pour deux séries B où il campe Duncan Maclain, enquêteur aveugle adepte du jiu-jitsu, guidé par son extraordinaire chien Friday, dans «Les yeux dans les ténèbres» (1942) et «The Hidden Eye» (1945). Fred Zinnemann, réalisateur du premier opus, ne fut pas tendre dans ses mémoires lorsqu’il notait que, contrairement au chien qui "… était bon dès la première prise", le détective "… était incapable de se rappeler son texte". La remarque est cruelle pour Edward Arnold qui n’aura guère démérité au cours de sa belle carrière. Tenté un temps par les sirènes de la politique, le comédien se serait bien vu sénateur mais un échec électoral lui fit reprendre sagement le chemin des studios. En guise de consolation, il tint les plus hautes fonctions à l'écran dans «Le sénateur marie sa fille» (1949) et dans «La fille de l’ambassadeur» (1956) avant, cerise sur le gâteau, de devenir l’incarnation de tous les présidents américains pour une émission radiophonique si populaire, entre 1949 et 1953, que les passants l’interpellaient fréquemment en lui donnant du "Mister President !".
Edward Arnold se maria à trois reprises : avec Harriet Marshall (1916-1927) qui lui donna trois enfants, puis Olive Emerson (1929-1949) et Cleo Arnold (1951-1956). Son fils William se fit connaître brièvement au cinéma sous le nom d’Edward Arnold Jr (1920-1996).
Jean-Paul Briant
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